Le saut des anges

Publié le par The_Wheel_Of_Fortune

Le saut des anges

 

 

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-          Laura, Laura, regardes comme c’est si beau ici, dit une jeune adolescente.

-          Pour une fois, tu as raison François, répondit un jeune adolescent

-          On peut voir la mer s’étendre sur des kilomètres, on pourrait limite se croire au bout du monde et être les derniers survivants sur ce monde.

-          Les vagues se claquent sur les rochés en bas, l’écume s’évapore, l’odeur de la mer se diffuse tout autour de nous, et le couché de soleil nous inonde de sa petite chaleur.

-          Je te remercie de m’avoir conduite ici, c’est un endroit parfait pour rêver.

-          Laura, j’aimerais vraiment avoir des ailes pour voler, nous pourrions nous enfuir tous les deux, nous irions voir les nuages, nous ferions des troues dedans, et nous volerions au ras de l’eau de tel manière à surfer sans trop nous mouiller. Nous resterons sur la cime des arbres à contempler le monde et à apprécier notre différence…

-          Si seulement ça pouvait être si simple, cette falaise est vraiment magnifique, je pourrai rester avec toi durant des heures sans me lasser. Nous avons su inventer tellement de technologie, mais nous n’avons pas encore trouvé le moyen de voler sans payer.

Inventons des ailes pour nous permettre de dépasser les murs et de contourner les montagnes. »

Les deux adolescents atypiques se rapprochèrent de plus en plus près, ils regardèrent le vide, ils s’imaginèrent sautant tous les deux et dans une prière divine, ils espérèrent rouvrir les yeux en pouvant apprécier la vue des nuages.

Soudainement, il eut un coup de vent qui décoiffa l’adolescente et amuse son compagnon. Dans la lueur d’un couché de soleil, un homme portant un long manteau s’avança vers eux, son visage était découvert et il se posta juste derrière eux.

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-          Sublime décor n’est ce pas ? demanda-t-il avec une voix grave, je suis assez surpris de voir des jeunes de votre âge ici, vous n’êtes pas plutôt entrain de jouer sur vos trucs informatiques et à vous amuser.

-          Nous ne sommes pas tous le monde, répondit sèchement François, il faut savoir apprécier la nature et sa beauté non artificielle. Elle est tellement fragile, chaque jour elle se meurt alors je veux en profiter tant que possible.

-          Impressionnant de constater que la jeunesse n’est pas aussi pourrie, ce qui est rare est appréciable, et j’apprécie ton discours.

-          Vous savez Monsieur, nous n’avons pas la prétention d’être parfait, mais cette endroit, lui, il est, alors nous en profitons pour réfléchir sur notre existence, répliqua Laura

-          Je vous aime bien tous les deux, lorsque je viens ici, j’aime regarder au bord de la falaise, la mer qui s’écrase sur les rochés, si vous fermez les yeux et que vous concentrez uniquement sur le son, vous pourriez entendre quelque chose d’assez intéressant. Connaissez-vous l’histoire de cette falaise ?

-          Une histoire ? répéta Laura, mais de quoi parlez-vous ?

-          Laura, il se fait tard, il faudrait que nous rentions à la maison, dit François qui s’inquiétait par rapport à l’attitude de l’homme.

-          As-tu envie de connaître son histoire ? Je comprendrais que vous vouliez rentrer, mais j’aimerais vous conter ce petit récit, car je pense que ceci devrait vous plaire.

-          C’est bon François, nous pouvons attendre un petit peu, tu n’as pas envie de l’entendre ?

-          Non, ce n’est pas ça, c’est juste que…

-          …il a peur de moi, peur que je sois un fou dégénéré qui pourrait s’en prendre à vous, néanmoins je suis assez gentil, il ne faut passe baser sur des impressions. Si je vous avais voulu du mal, je me serai conduit gentiment avec vous et j’aurai essayé de me faire plaindre pour que vous relâchiez votre vigilance. C’est comme une partie de poker, paraitre gentil et inoffensif pour mieux attaquer par la suite.

-          François, pour moi, tu sais bien que je suis curieux et j’ai vraiment envie de savoir, s’il te plait…supplia-t-elle

-          Tu sais bien que je ne peux pas te dire non...

-          Alors préparez-vous les enfants… »

 

Le 3 février 2008, une voiture se gara sur le haut une falaise, la montée fut assez difficile, mais la constructrice savait parfaitement maîtriser sa machine tandis que le passager ne pouvait pas s’empêcher de faire des commentaires alors que celui-ci n’avait pas le permis.

Ils descendirent ensembles, marchèrent et s’arrêtèrent au bord de la falaise.

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-          Tu sais que tu conduis mal, remarqua-t-il

-          Je t’enmerde Thomas, tu le sais ça, répondit-elle avec un large sourire

-          Es-tu toujours obligée d’être méchante avec moi ? dit-il avec un petit air de chien battu

-          Tu exagères toujours, mais je t’aime bien quand même.

-          D’ailleurs, moi aussi je m’aime.

-          Tu n’es vraiment pas possible lorsque tu t’y mets.

-          C’est bien pour ça que tu es folle de moi.

-          Tu n’as pas trop les chevilles qui enflent là ?

-          Non, actuellement, j’ai autre chose de plus profond qui enfle, si tu vois ce que je veux dire.

-          …Tu es bête, vraiment bête, mais je veux bien te pardonner pour ce soir.

-          Alors si tu me pardonnes, je vais arrêter de dire des bêtises.

-          Toi, stopper les bêtises, c’est possible ?

-          Bien sur, c’est comme arrêter de te draguer, parce que tu ne cèdes pas à mes avances. Après normal que je me mette à boire, car tu ne veux même pas de moi, après tout, je suis un petit peu l’homme parfait, n’est ce pas ?

-          Parfait ? tu viens de dire parfait ? Pardon, il faut que j’aille chercher mon dictionnaire pour que je vérifie la définition du mot parfait, et peut-être bien que je verrai ta photo pour illustrer cette définition.

-          Tu ne verras pas que ma tête, mais mon corps tout entier.

-          Ou alors, je dirai plutôt à la lettre P, comme prétentieux.

-          Humour, humour toujours, si tu continues je vais te pousser par cette falaise.

-          Oserais-tu pousser ton soleil ? demanda-t-elle tout doucement

-          Tu sais bien que non, je suis quand même un petit peu gentil, juste quand bon me semble.

-          Viens avec moi, nous allons nous en griller une, tu as vu ce temps, la nuit est tombée, il fait froid, et la mer se déchaine sous nos pieds. Tu es bien sur de ton choix ?

-          J’ai murement réfléchi depuis le temps, j’assume pleinement mon choix, mais crois-tu que c’est une bonne idée de me suivre ?

-          C’est parce que je tiens à toi que je te suivrai, répondit elle en laissant évacuer de bouche une nuée de fumé

-          Tu es trop mignonne, même si tu veux m’enfumer.

-          Ce n’est pas un petit peu contradictoire, tu n’es pas entrain de fumé là ?

-          Non, je ne fume pas, j’essaie de faire ces putains de ronds, mais je n’y arrive pas !

-          Mon pauvre petit, tu y arriveras.

-          En tout cas, ça ne sera pas ce soir, nous nous sommes enfin retrouvés, nous devons enfin partir vers ce nouveau monde.

-          Nous avons traversé tellement d’épreuves, nous avons appris à nous défendre, à supporter les échecs et à aimer cette vie. Le passée est gravé en nous, comme des cicatrises qui nous le rappellerons à vie. Le mercurochrome, et les pansements ne peuvent pas tout guérir, néanmoins nous nous battons pour guérir.

-          Mes cicatrices sont toujours là, les jours passent, on dit qu’avec le temps, on oublie, mais c’est une illusion. Les blessures sont toujours encrées en nous, la seule chose qui peut nous soigner, c’est le soutien, et dans mon cas ton soutient.

Grâce à toi, j’ai pu chasser les idées noires car tu étais là, au bon moment, à la bonne heure et prête à me secourir. C’est dans la détresse que l’on se rend compte de la valeur d’une amitié et étrangement les obstacles s’évanouissent lorsqu’on n’est pas tout seul.

-          Arrêtes de fumer, tu es entrain de dire n’importe quoi, mais je ne t’en veux pas.

-          Pour une fois que je la joue confidence, tu es vraiment la reine des chieuses, jamais jamais contente, une pure chieuse. Malgré le fait que tu sois une chieuse, tu restes quand même un soleil, de tes rayons, tu as su ramener une part de lumière dans ma vie, et c’est rassurant.

-          Fumes et tais-toi.

-          Roh, chieuse va ! cria-t-il, c’est drôle, j’entends ma voix raisonner, j’aime bien.

-          Tu ne te sens pas un petit peu tout seul là ?

-          Moi aussi, je t’aime, tu le sais bien.

-          Moi aussi, tu es mignon ce soir.

-          Il ne faut bien mon amie, puis je me sens bien ici, je me sens au calme, la nuit est tombée, le seul bruit existant est le choque entre la mer et les rochés. Le monde nous appartient ici, il nous faudrait un tapis, le tapis zouzou qui pourrait nous faire voler à travers les étoiles et on irait faire un petit coucou à la lune.

-          C’est si calme, nous pourrions nous mettre à rêver, fuir les conneries, regarder les étoiles dans le ciel, attendre une petite étoile filante pour faire un vœu. Il est étonnant à quel point, l’homme est vraiment futile. Sur cette belle Terre, nous vivons 364 jours, nous ne prenons même pas le temps de nous arrêter de vivre et de fumer une bonne clope sur le rebord d’une falaise. Une clope s’est comme la vie, et il y a différents types de fumeurs. Nous trouvons le fumeur qui fume sa clope paisiblement tout en profitant, l’autre fumeur est celui qui fume sans prendre son temps et qui n’apprécie pas et le dernier est celui qui ne prend pas la peine de la terminer.

-          Et nous, quel type de fumeur sommes-nous ?

-          Nous, nous sommes le fumeur qui fume sa clope au bord d’une falaise et qui essaie de dompter la vie tant bien que mal.

-          La philosophie de la clope, pas besoin d’un Kant, d’un Nietzche ou d’un Descartes, il suffit juste de toi pour un bon cours de philo.

-          Tu me flattes beaucoup, fumes et tais toi.

-          Je fume, je fume et je fume. Je me demande ce que ça ferait de sauter de si haut, combien de chance de s’en sortir ? Tu crois que nous pourrions voir le film de notre vie avant de nous fracasser sur les rochés ? Et si…

-          Et si…Tu arrêtais de poser des questions, la meilleure réponse à tes questions est d’oser. Alors ce soir, nous allons sauter tous les deux pour savoir ce qui va nous arriver.

-          Tu sais pertinemment que je te suivrai quoiqu’il arrive, nous avons traversé tellement d’épreuves ensembles, celle-ci va paraître un pur jeu d’enfant.

-          D’accord, alors on va sauter ensembles, la nuit est si belle pour faire un coup de folie, alors prends ma main qu’on saute.

-          Je l’ai prise, maintenant nous pouvons sauter, allons voir les étoiles.»   

 

Main dans la main, ils marchèrent l’un à côté de l’autre jusqu’au bord de la falaise, un petit regard vers les profondeurs et un petit regard vers les étoiles. Les deux corps vacillèrent vers le vide.

Durant le saut, ils regardèrent droit devant eux, ils savaient qu’ils n’auraient très peu de chance de s’en sortir vivant, mais ils avaient quand même sauté ensembles.

Il semblerait que les meilleures amitiés sont celles qui n’ont pas peur de se confronter au pire.

 

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-          Attendez, il s’est passé quoi ensuite ? demanda Laura

-          Rien, répondit l’homme

-          Comment ça rien, répéta François, vous nous racontez une histoire et vous ne nous dites pas la fin de l’histoire !

-          Si, j’ai raconté la fin de l’histoire, vous vous attendiez à que je dise qu’ils avaient crié, qu’ils avaient vu leur vie défiler, ou bien encore qu’ils sont morts ou qu’ils ont survécu. Pour ma part, je ne s’en sais rien, car cette histoire n’est pas la mienne, je l’ai entendu et je vous la répète comme on me la narrait.

-          Mais, c’est une vraie histoire ou juste une histoire pour effrayer les touristes ?

-          Que sais-je ? En tout cas, il parait que deux adolescents auraient réellement disparu sur cette falaise, Faites-vous une opinion, moi je dois vous laisser. Alors bon vent !

-          Putain, il vient de se casser comme un voleur, mais c’est quoi ce type !

-          Je ne sais pas du tout François, néanmoins j’ai trouvé son histoire intéressante. Tu imagines s’ils ont vraiment sauté ? ils n’avaient vraiment pas peur de mourir, ou alors ils étaient inconscients.

-          Je pense surtout qu’ils avaient du picoler avant, tu ne vas pas quand même y croire.

-          Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai envie d’y croire, peut être parce que cet endroit n’est pas comme les autres, il a l’air tellement magique alors pourquoi cette magie n’aurait-elle voulu unir ces deux personnes ?

-          Tu es vraiment une fille, dès qu’une histoire tourne à l’eau de rose, tu te passionnes alors que ça peut être que de la connerie.

-          Tu es vraiment un ingrat, parfois tu as l’art de m’énerver par ton manque de romantisme ! »

 

« 

-          Tu es réellement incorrigible Thomas, quelle idée de leur avoir raconté cette histoire. A chaque fois que des personnes viennent ici, tu te sens obliger de leur parler. Tu es vraiment intenable.

-          Tu sais bien que j’adore raconter des petites histoires, surtout sur ce lieu. Cependant je n’ai pas raconté n’importe quelle histoire, mais juste la notre.

-          Ils n’ont pas du y croire, notre histoire n’est pas très commune, tu dois t’en rendre compte.

-          Je t’accorde que c’est dur de croire que deux personnes aient eu envie de sauter dans le vide sans raison apparente et surtout qu’ils s’en sortent vivants et surtout sans blessures. Nous avons eu beaucoup de chance, d’ailleurs je n’arrive toujours pas à croire que nous soyons vivants.

-          D’autre part, je te rappelle que nous nous sommes réveillés au bord de la plage l’un à côté de l’autre, comme si nous n’étions jamais quittés. C’est incompréhensible pourtant les faits sont là.

-          Le lien nous unissant ne peut pas être défait aussi facilement, notre saut le démontre, les belles amitiés sont celles qui ne s’arrêtent à jamais de vivre même dans la pire des difficultés. Lorsqu’on se sent perdu, il y aura toujours une petite lumière pour nous guider, la souffrance, la peur et la déception ne dure qu’un temps, alors qu’une amitié peut durer des années sans prendre une ride. Les plus belles amitiés sont celles qui survivent parmi les flots. Comme nous, Amélie. »


JOYEUX ANNIVERSAIRE !!!!!!!!!!! Voilà c'était mon cadeau pour tes 19 ans !
Je sais, c'est un cadeau pas chère, mais c'est l'intention qui compte :)
Gros Bisoux à toi =)
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A
il est génial ton cadeau et tout à fait innatendu..<br /> ça m'a fait beaucoup rire et bon d'accord j'ai un peu chialé aussi en relisant toutes els eptites allusions au tapis zouzou, soleil et autre mechurochrome. Et puis la fin est cool, plus cool que dans ma version des faits... Sérieux t'es formidable<br /> Merci encore =)
Répondre
T
<br /> <br /> Je suis formidable, à ce point-là, mais toi aussi tu l'es :D<br /> Quelques petites allusions, l'histoire d'éveiller certains de nos souvenirs<br /> un cadeau pour te remercier d'avoir été là, du début jusqu'à la fin =)<br /> <br /> <br /> <br />